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  père : Jean Isaac de Boysson mère : Marie Anne de Lavergne      
 

Bernard de Boysson

Chevalier, conseiller du roi

Seigneur de Bouygues, de Gindou, de Gardes et de Laval

Avocat général à la Cour des Aides de Montauban

 

10 février 1741 - 10 février 1817

 

 

conjoint :

Jacquette de Cadolle

 
 

 

Bernard de Boysson est né à Rampoux le 10 février 1741.

Il a été baptisé en l'église de Rampoux le 11 février (ADL 4E 344 f°78) et eut pour parrain Bernard de Bergues, écuyer; secrétaire du Roy en la chancellerie de Montauban, Habitant Villefranche de Périgord, témoin du mariage de ses parents, dernier membre d'une famille probablement apparentée à la nôtre, et pour marraine Antoinette d'Issala, veuve de Me Jean Sabbadié avocat(représentée par Françoise d'Issala, son ayeule).

 

Dans son livre de raison, Bernard écrit: "jay passé les premières années de ma vie sous les yeux de mes parents à Rampoux".

Signe d'une éducation aisée et tournée vers les arts, Bernard reçoit un violon alors qu'il a 14 ans, en 1755. Il termine ses études de droit en 1761 et devient avocat en parlement.

Très tôt, il se mit en quête d'une charge de magistrat à la Cour des Aides de Montauban . La compétition était vive et le candidat était loin d'avoir l'âge requis. Il manoeuvra avec un indéniable habileté.

La charge d'avocat général, laissée vacante par le décès de Cyprien Couhé de Langlas ( le 8 avril 1764) fut mise en vente par sa famille. Bernard, vu son jeune âge, ne pouvait se manifester directement. Me Fieuzel, avocat à Moissac, parent des Couhé, servit d'intermédiaire (de bonne volonté). Les héritiers payèrent un droit de survivance à son nom,... et il s'en démis huit jours plus tard en sa faveur.

Bernard pouvait alors constituer son dossier:

    1. Certificat de baptême. Selon le règlement, le candidat devait être catholique et âgé d'au moins 27 ans.
    2. Certificat de non parenté avec un magistrat en charge. Cette disposition, qui comportait des dispenses, datait du Président Le Franc de Pompignan. L'excellent homme avait voulu réagir contre des abus qui sévissaient à la Cour et dont sa propre famille avait largement bénéficié.
    3. Diplôme d'avocat en parlement.

Bernard adresse le tout au premier président en exercice, Amable de Malartic de Montricoux, avec un lettre qui débute ainsi: " Monsieur, on m'a proposé d'acheter la charge d'avocat général; je n'ai pas voulu l'acquérir sans votre accord ... ". L'affaire paraissait bien engagée; Bernard devant être admis avec dispense " dès qu'il serait entré dans sa 27eme année". Fâcheusement, le garde des rôles opposa la prescription de la survivance.

Il fallut en appeler au Conseil du Roi. Le 28 juillet 1767, "S.M. donne l'ordre de passer outre à l'objection du garde des rôles". La décision est signée à Compiègne le 5 août. Bernard désormais "Conseiller du roy en ses conseils", entre en fonction le 27 septembre.

Voici, d'après ses notes, le coût de la charge, somme avancée par son père
- Achat aux dames de Couhé
19 600 £
- Quittance de "marc d'or"
703 £
- frais d'enregistrement
295 £
- droit de survivance
1 845 £
- dispense d'âge
110 £
- frais de réception ( consignation, certificats, droits et frais divers )
1 493 £
 
24 046 £

Bernard de Boysson, spécialisé dans le contrôle des finances des collectivités, formait, avec le procureur général Jean-Louis de Parouty et l'avocat général Nicolas Gazabonne, le Ministère Public. Tous trois se montrèrent étroitement solidaires.

Les archives de Périgueux conservent une trentaine de ses brouillons de rapports, rédigés d'une écriture serrée, souvent raturés ou surchargés, avec de nombreux rappels de référence. Ils concernent le statut et 1a surveillance des agents du fisc, le cadastre et le contrôle des fonds des communautés.

Une des ses interventions fut suivie d'un arrêt, daté au 1er mars 1785 . L'avocat général avait rappelé que trop souvent les villes ou municipalités contractaient des emprunts sans contrôle et sans trace d'emploi, ce qu'il en était de même pour la perception des "dons gratuits". Avec l'éloquence de son époque, il demandait à la Cour de prescrire, dans cette collectivité, la tenue d'un registre mentionnant l'autorisation d'emprunt, le montant des fonds reçus et le détail de leur emploi.

Alors que son père participa six années auparavant à la création d’un comité de défense de la juridiction de Cazals contre l’aliénation du domaine, Bernard adresse en 1767 une requête au Roi demandant l'inféodation de ce domaine royal et de celui de Dégagnac ( A.N.Q., 602-604). Il fait valoir que la proximité de ses propres domaines lui permettrait d'en assurer une mailleure gestion : " les rentes foncières et les directes sont contestées par les emphitéotes et les seigneurs, les droits de chasse sont dispersés et difficile à recouvrer etc; le soussigné se trouverait à portée, par proximité, d'aplanir les difficultés, de rendre justice à qui elle est due, et d'apporter la paix dans les deux juridictions". Il supplie sa majesté de lui accorder, pour le bien, cette aliénation consistant en : Toutes justices, haute, moyenne, basse; greffe; baylie; pêche et chasse; gruerie (droit sur les bois); voierie; amendes, confiscations et autres droits utiles. Il offre pour le tout une rente albergue (droit d'abri) annuelle et perpétuelle de 160 £. La ferme générale de Montauban, en transmettant le rapport, ne manque pas de mettre des bâtons dans les roues du suppliant. Elle fait remarquer que l'offre est insuffisante (ces droits rapportent déjà 270 £) et que, "si sa majesté consent une aliénation, il est normal de procéder aux enchères". Selon F. Auricoste (Le pays de Cazals en Quercy), cette demande provoqua tant l'inquiétude de la communauté de Cazals (qui rappella au roi qu'elle avait elle même racheté ce domaine en 1614 aux Montclera pour le lui remettre par la suite) que la fureur de Charles de Vielcastel. Bernard reprendra vainement ses démarches en augmentant ses offres (300£), en se faisant appuyer par M. de Montricoux, pdt de la Cour des Aides. Il échouera définitivement en 1770.

Le 31 janvier 1773; Messire Jean-Izaac de Boysson, seigneur de Gindou, donne procuration à son fils Messire Jean-Louis Boysson de Lavergne, avocat en parlement pour le représenter au mariage projeté entre messire Bernard de Boysson, chevalier, conseiller du roi en ses conseils et son avocat général en la souveraine Cour des Aides et Finances de Montauban, son fils, et de feu dame Marianne de Lavergne son épouse - et entre demoiselle Marie-Anne Jacquette de Cadolle, fille du haut et puissant seigneur Charles-François (ADH 2 e 42 / 369).

Le contrat, rédigé par Baume, notaire royal à Lunel, est signé en l'hotêl dudit seigneur marquis de Cadolle, le 17 février, en présence de Jean-louis Boysson de Lavergne, du Marquis et de la Marquise de Cadolle, de Charles-Joseph, Comte de Cadolle et de son épouse Pauline Castellane. La dot est de 42 000£ .

Le mariage est célébré le lendemain 18 février en l'église N.D. du Lac à Lunel. La tradition rapporte que les jeunes mariés regagnèrent le Quercy par le Canal du Midi emmenant dans leur péniche un chargement de vin de Lunel.

 

C'est en 1776 que débute le livre de raison de Bernard. Jusqu'alors les principales étapes de son existence nous sont connues par les écrits de son père et de son frère, ainsi que par ses dossiers de la Cour des Aides.

Le livre de raison d'Isaac était une sorte de journal où il relatait et commentait les évènements quotidiens. Celui de Bernard s'apparente davantage à un registre comptable. Il ne se confie que dans des circonstances graves

 

Bernard et Jacquette résident tout d'abord à Montauban. Ils se fixent à Cahors en Décembre 1773, à mi-chemin de Montauban où Bernard se rend de temps à autre, et de Gindou où il séjourne fréquemment. Comme ses prédécesseurs il surveille de trés près ses terres et ses intérêts. Il étend le vignoble de La Boissonie et fait dresser le cadastre de Gindou.

En Août 1776, il se déplace au parlement de Toulouse pour soutenir un important procès en recouvrement de créance contre les héritiers des Vielcastel de Garde (MM Ladet, administrateur, et Chastagnol, notaire, qui avaient tout deux épousé une fille Vielcastel). Son père Isaac avait en effet acquis en 1769 pour 9 000£ de droits sur l'héritage Vielcastel. Bernard eut gain de cause et, ayant obtenu la vente de leurs biens et "l'allocation" des créanciers. Les frais de Justice se sont élevés, au total, à 1 449£.

 

Notre avocat-général mène à l'époque un train de vie presque luxueux, contrastant avec l'existence jadis simple et retirée de ses parents. C'est ainsi qu'il possède la voiture la plus légère et la plus rapide de Cahors, une "chaise" en osier qu'il revend 720£ au Comte de Durfort-Boissière.

Des témoignages concordants le représentent comme un fin lettré. Pierre­Louis de Bezombes, Conseiller à la Cour des Aides, lèguera "à Bernard de Boysson, son parent et ami, sa bibliothèque classique, car il est un des rares qui lise Homère dans le texte". Même appréciation de ses collègues de la Cour d'appel d'Agen, lors de son oraison funèbre en 1817.

Ajoutons qu'il est friand de concerts, de comédie, qu'il a grand soin de sa garde-robe et qu'il perd quelque argent au jeu !

Il achète l'usufruit de la maison Pouzargues, une des plus belles de Cahors, située à proximité du boulevard tracé à l' emplacement des remparts. L'immeuble (aujourd'hui 9 rue Portail-Alban) appartiendra quelques années plus tard au Comte de Durfort-Léobard et sera alors le théâtre d'un évènement unique dans les annales de la Révolution. Durfort, très populaire, est le premier maire élu de Cahors en 1790. Sous la Terreur, il n'en est pas moins condamné à mort. Alors qu'il monte sur l'échafaud, la foule en fureur bouscule la garde, renverse les "bois de justice", libère le prisonnier, obtient sa grâce et le ramène en triomphe à son domicile.

Dès 1778, la santé de Jacquette cause de graves soucis. On redoute une phtisie. Bernard loue une maison de campagne sur le plateau de Mercuès, près du château épiscopal. L'air y sera - espère-t-il - plus salubre qu'à Cahors. L'évèque, Monseigneur de Nicolaï, prend le ménage en affection.

En 1778 (E26), "Bernard de Boisson, chevalier, conseiller du Roi et son avocat général en la souveraine Cour des aides et Finances de Montauban, seigneur de Gindou", tient "maisons, cour, écuries granges four métairies, terres, vignes, chénevrieres et près au mas de Peyre, al Bruel Bas, à la Boissonie, al Poujatel, al Tal, a la Mole, al poux Daillot, au causse de Bouygues, à las Placettes A MArgarit, al Lavadou, al Gineste, à Braules Bas, à la rivère d'Arajou et au village de Bourbou"

Le 23 avril 1780, Bernard vend le domaine de vielcastel (situé à Marmignac) à l'abbé de La Sudrie chanoine de Moissac, pour 8000 livres tournois. Il s'agissait vraisemblablement de financer l'adjudication du domaine de Gardes et de ses fiefs obtenue par lui et MM. Chastagnol et Boissonet, pour la somme de 32 000£, qu'il paya le 27 avril.

Son père, Isaac, décède en Février 1781, et lui lègue tous les biens qu'il possède dans la paroisse de Gindou, " comme aussi l'état et l'office d'avocat général dont il est pourvu et tous les droits que lui et son fils ont acquis " sur l'hérédité de feu sieur de La Roque-Bouilhac et des feus sieurs de Vielcastel".

Le Marquis de Cadolle décède quelques mois plus tard, puis son épouse, Jacquette le 11 mars 1782. Bernard ne se remettra jamais complètement, semble-t-il, de cette épreuve. Nous ne retrouverons plus en lui le dynamisme, le caractère entreprenant, le goût du faste qui le caractérisaient jusqu'alors.

Les garçons aînés sont confiés à un précepteur, qui les conduit au collège de Cahors tenu par des prêtres séculiers, successeurs des jésuites expulsé en 1762. Bernard, helléniste réputé, avait été élève des "Bons Pères" . Il avait apprécié leur dévouement, leur esprit de méthode, leur foi ardente, et ne retrouvait pas toujours ces mêmes qualités chez les nouveaux enseignants. L'education de ses fils en souffrit.

Achille et Isaac-Fortuné seront placés chez une gouvernante. Isaac-Fortuné succombera à une brève maladie, à l'hôpital St Géry de Cahors en décembre 1787.

Les filles âgées de six et cinq ans seront mises en pension au couvent des Dames de St Maur, à Lévignac-sur-Save, près de Tousouse, entre Grenade et L'isle-Jourdain. L'établissement, réputé pour son enseignement et pour sa formation religieuse, connut un grand succés jusqu'à la Révolution. Durant toute cette période, Pauline et Françoise n'auront, suivant le règle de l'institution, ni vacances, ni sortie. Elles n'auront d'autre lien avec le monde extérieur, que les vistes de leur père, deux à trois fois par an. Elles ne sortiront de l'établissement qu'en 1792.

 

Bernard se réfugie dans la musique, l'étude (souscription à une encyclopédie, achat d'une sphère céleste, abonnement à un cabinet littéraire) et dans la gestion de ses affaires. Il n'échappe pas complétement à un travers de son époque : la passion du jeu.

En mars 1786, il perd son frère Jean-Louis. Il sera désormais seul propriétaire d'un domaine foncier considérable, réparti sur 7 à 8 km entre Gardes et Rampoux (dont Rampoux, la boissonie, près de Gindou, et Gardes); il est également titulaire d'une longue liste de valeurs mobilières (cens et rentes)

La gestion de Gardes lui causes des soucis: réparations onéreuses de bâtiments délabrés, difficulté de récupérer des rentes et droits seigneuriaux tombés en désuétude.

 

Dans les dernières années de l'ancien régime, Bernard, approchant doucement de la cinquantaine, partage son temps entre sa charge d'avocat-général à la cour des Aides, la gestion de ses domaines et l'éducation de ses cinq enfants.

 

Du 16 au 19 mars 1789, il participe aux assemblées de la noblesse, à Cahors. Le 15 juillet, Bernard note: il est arrivé a Paris une Révolution qui doit faire époque dans l’histoire de France.

 

Le 4 août 1789 marqua le début de l'insurrection révolutionnaire en Quercy .

" Le 3 décembre, à St Sauveur, les émeutiers, commandés par Joseph de Linars, ancien officier des armées d'Amérique, forcèrent les troupes régulières a se retirer. Au nombre de plusieurs milliers, ils dévastèrent la ville de Gourdon, puis Ie 7 décembre, Ie château du comte de Toucheboeuf- Beaumont à Léobard. Les mêmes bandes se rendirent a Cazals, Gindou et Rampoux où elles pillerent trois maisons appartenant a Monsieur de Boysson, ancien avocat-général à la cour des Aides" ( d'après E. Sol, La Révolution en Quercy) . Selon F. Auricoste (Le pays de Cazals en Quercy), "ce n'était pas des gens de Cazals qui s'en étaient pris aux demeures des Boysson".

Gardes fut en partie incendié. Le Château de Lavercantière subit le même sort .

Pourtant, en septembre 1789, Bernard passe la moitié du mois à Sainte-Livrade pour rendre service à Madame de Lentis, en procédant pour elle au partage de Laval.

La mise en application toujours plus rigoureuse des lois sur la constitution civile du clergé en 1791 avait amené de profondes divisions dans le pays, détruit les communautés religieuses, désorganisé ou fermé les établissements scolaires. Les Dames de St Maur avaient, non sans difficulté, pû échapper à cette législation, en faisant valoir qu'elles étaient semi-sécularisées .

Bernard règle ses quittances de loyer de Cahors jusqu'au 1er novembre, date à laquelle il décide de libérer son appartement et de se fixer à Rampoux. Sa famille y est enracinée depuis plusieurs siècles, et la population lui est très attachée. Elle est partagée à Gindou, hostile à Cazals.

C'est en cette fin d'année que ses fils Amédée et Charles, âgés de 17 et 16 ans, partent en émigration (cf procés de 1807). Ils sont porté sur la liste des émigrés le 28 avril 1793. Aucune note personnelle ne fait connaître les circonstances ou les motifs de cette grave décision. Cependant, à la même époque apparaissent sur les listes d'émigré des noms de parents ou de proches des Boysson (Franihac, La Vaysse, Ginibert etc...). Ils formaient, sans nul doute, un groupe de fervents royalistes.

 

Miraculeux oasis, le couvent des Dames de St Maur survit. Il subit pourtant les furieux assauts du curé constitutionnel de Lévignac, l'abbé Déjean. De mars 1791 à Novembre 1792, il multiplie plaintes et pétitions signalant que les Dames interdisent aux élèves d'assister à "sa" messe. Mais l'institution bénéficie de l'appui" d'hommes nouveaux" qui lui ont confié leurs filles. Ce n'est que le 16 mai 1793 que Déjean obtiendra la fermeture de l'établissement, non des autorités locales, mais des représentants en mission.

 

Bernard et ses trois plus jeunes enfants résident désormais à Rampoux. Un réseau de très anciennes amitiés lui apportera à maintes reprises, et parfois en des circonstances dramatiques un inestimable appui.

Parmi les élus de Rampoux en 1790, comme parmi les signataires de certificats de résidence de Bernard, figurent des noms de familles implantées à Rampoux dès le XVIe siècle ; Vialard, Gizard, Galan, Goudal, Salinier, Baldy, etc... Nous retrouverons en 1801 Antoine Gizard maire de Rampoux. C'est lui qui marie Achille dont Baldy est témoin. C'est un abbé Vialard, curé de Mongesty qui, en 1818, prépare la communion de notre aïeul Amédée.

Pour l'heure, une loi du 8 avril 1792 prescrit l'affectation à la Nation des biens des émigrés et la mise sous sequestre des biens de leurs père et mère ayant des droits indivis avec eux.

Le 3 janvier 1793, la municipalité de Gindou écrit au procureur de Gourdon :

" J'ai reçu votre lettre en date du 22/01 courant avec 2 arrêtés du directoire du département du Lot, pour lequel je dois vous dénoncer le tableau de tous ceux des père et mère qui n'auraient pas justifier en France de leur fils disparus ou de leur mort ou de leur emploi en pays étranger pour le service de la nation. J'ay a vous observer que le citoyen boisson çi devant avocat général de la cour des Aydes de Montauban avit un nombre de trois enfants mâles et qu'il avait disparu les deux plus vieux d'âge il y a environ deux ans sans savoir où il ont été et depuis ce temps ils n'ont paru dans ce pays. Mais comme nous n'avions plus reçu le dir arrêté et que véritablement ces gens ne sont pas domiciliés dans notre commune depuis quelques temps avant l'insurrection, qu'ilssont tantôt domiciliés à Caors tantôt à Rampoux mais à présent à ce dernier lieu, la ci-devant municipalité n'a jamais fait aucun compte. c'est pourquoi, citoyen, dan la charge que j'occupe au moment present je voudrais me conformer aux lois, je vais donc vous demander si c'est à la municipalité de Gindou de demander compte au citoyen Boisson de l'absence de ses deux fils ou sy c'est à la municipalité de Rampoux à le faire. J'ay a vou vous observer que le citoyen a la moitié de ces possessions dans notre commune et l'autre 1/2 dans Rampoux commune contigue ou s'il faut que les 2 municipalités en corps luy en fassent rendre compte. J'espère, cher citoyen aprendre par votre réponse de la manière que je dois de me comporter à cet égard par le retour de notre porteur. J'espère quc le résultat que je vous présente vous satisfaira parce que tous les bons citoyens pensent qu'ils ont émigré sans nous l'assurer. J'ay l'honneur d'être citoyen, avec des sentiments bien respectueux. PELATIER, Maire de Gindou".

Pareillement, la municipalité de Rampoux écrit le 12 février 1793 au citoyen procureur sindic du district de Gourdon :

" Si la municipalité de Gindou a devers elle des informations sur le compte des enfants du citoyen Boysson elle n'était pas moins obligée de vous prévenir que celle de Rampoux. Celle-ci a fait à ce sujet toutes les démarches, que son patriotisme et son zèle pour les intérêts de la république lui ont inspiré. Le citoyen Boisson n'habite Rampoux que très momentanément et dans le temps des cultures et travaux de ses biens, il habite plus habituellement Cahors où il a maison montée où ses enfants ont, dans tous les tems, fait leur résidence pour leur éducation, ils n'ont jamais paru dans le domaine que leur père tient à Rampoux qu'au temps des vendanges et il est bien vray qu'ils n'on pas été cette année. Et cela avait fait naître des soupçons à la municipalité qui par l'organe du maire fit demander au citoyen Boisson qu'étaient devenus ses enfants, à quoi il fut répondu qu'ils avaient resté à Cahors et de là avaient été faire leurs études à Toulouse. Le citoyen Boisson montra même de leurs lettres du timbre de Toulouse du 23/9, alors la municipalité de Rampoux crut devoir mettre des bornes à ses démarches et laisser le reste des perquisitions à la vigilance de la municipalité de Cahors das laquelle les fils du cit Boisson avaient eu contamment leur domicile fixe. Voila en détail tous les renseignements que la municipalité de Rampoux peut vous donner à ce sujet si vous jugez à propos de lui prescrire quelqu'autre démarche, elle ne négligera rien pour la suivre de point en point. Le maire et officiers municipaux ont l'honneur d'être très sincèrement: Lafon: Maire; B.X.: Procureur de la commune.

Pourtant, Bernard est arrété comme père d'émigré, en application de la loi des suspects du 11 septembre 1793. Un certificat de résidence, établi à sa demande "atteste sa présence à Rampoux du 9 mai 1792 (date de mise en vigueur de la loi du 8 avril) jusqu'à son départ pour Cahors le 25 septembre 1793" (2 E - 1843-11).

"Je fus conduit en prison sur mon propre cheval, évriva-t-il plus tard, ce qui m'empêcha pas cette canaille de L.R. de m'en faire payer la location". Il s'agit sans doute de La Reynie, Syndic du comité de satut public de Cahors.

Bernard passe vraissemblablement toute l'année 1794 en prison. Selon la tradition, le représentant Taillefer faisait de temps à autre conduire les internés jusqu'à la guillotine, puis les ramenait en prison, sastifait de l'émotion qu'il leur avait procurée.

Pendant ce temps, les trois enfants demeurent à Rampoux sous la garde d'une fidèle servante, Marie Cantagrel.

Bernard est défintivement liberé à la fin de 1795, retrouvant avec surprise et joie son fils Charles caché à Rampoux. Le 3 mars 1796 (Ventose AN IV) il reçoit une attestation de versement de 90 000 frs en assignats au titre de l'emprunt forcé (2 E.1843-16). Le 26 Fructidor AN IV (13 septembre 1796) le séquestre de ses biens est levé, après prélèvement de la part de ses enfants émigrés (Procés de 1807).

Bernard évoque sa situation à sa sortie de prison (dans un mémoire rédigé en 1807 à l'intention des juges de Gourdon). Il rappelle qu'il feut incarcéré à deux reprises, comme suspect, au total 18 mois, et chaque fois relaché grâce à une rançon versée par les habitants de Rampoux (le fait est encore rapporté par la tradition locale). Ses maisons avaient été ravagées et pillées de l'essentiel de l'ameublement, leur toitures dégradées. Le cheptel, saisi ou vendu, avait disparu.

" Mes biens étaient sous séquestre, mes revenus saisis. J'avais à pourvoir à la nourriture de mes quatre enfants ainsi qu'à la mienne. Je recevais de la municipalité 2 frs par jour et par tête en assignats; soit 8 frs car mon fils Charles était présumé absent. Sans l'aumône de mes voisins, nous eussions bien souvent souffert de la faim. Nous étions couverts, l'hiver, d'un unique vêtement de bure, l'été d'un vêtement de toile et chaussés d'espadrilles que confectionnaient mes enfants ".

 

En 1797, Bernard circule librement et gère ses biens. Il parvient à prêter le 14 juin 1797 6 000 Frs en assignats à une parente des Cadolle, la marquise de Grasse-Briançon , puis envoyer un secours de 1 500£ à son fils Amédée en difficulté à Paris ( novembre 1797).

 

En Germinal an V ( mars 1797 ) avaient eu lieu à Cahors des élections pour le renouvellement du tiers du Corps législatif. De violentes manifestations s'étaient déroulées autour et dans la salle de vote. "La majorité se sépara de la minorité factieuse et procéda sans elle aux opérations prévues par la loi". Dans un manifeste du 23 Germinal, les nouveaux élus quasi-monarchistes du Lot, issus de cette majorité, stigmatisent les violences exercées à leur encontre et proclament la légitimité du dernier scrutin. A l'inverse, le 5 Floréal (25 avril), la municipalité montagnarde de Cahors demande l'annulation du vote.

Bernard rédige, avec les citoyens de Dégagnac et Thédirac, une motion de soutien au manifeste du 23 Germinal an V. Nous ne savons si cette motion a été envoyée. Toujours est-il que le coup d'état du 18 fructidor ( 4 septembre 1797 ) annule les élections de 49 départements, et ramène pour un temps les montagnards au pouvoir.

"Pour remettre en état mes domaines, reconstituer le cheptel, payer les annuités d'emprunt forcé, préparer le trousseau de mes filles, je dus à grand frais me procurer un numéraire que je n'avais pas".

Aussi Bernard dut - il contracter de lourds emprunts, puis vendre ce qui lui restait du fief de Gardes. En effet, selon F. Auricoste (Le pays de Cazals en Quercy) le chateau de Gardes [ainsi que les terres de culture et les bois] avait été vendu à titre de bien de père d'émigré le 13 germinal An VI ( 13 avril 1798 ) et adjugé 120 000F au citoyen Galland.

Le 4 juillet 1799, Madame de Lantis, née Gripière de Moncroc, donne à Bernard son château de Lantis, en s'en réservant l'usufruit. Cette demeure lui venait de son mari, François­ Joseph, petit-fils d'une Boysson, décédé en 1786.

 

La situation politique tourmentée et confuse jusqu'alors se normalise après le 18 brumaire an VII ( 9 novembre 1799); Charles est radié de la liste des émigrés. Bernard marie sa fille Pauline le 24 décembre 1800. En juillet 1801, il accueille avec joie son fils Amédée et son épouse allemande, et ses deux belle-filles. Pour mieux les loger, il reconstitue à Rampoux un mur qui s'écroule, répare parquets et boiseries, perce des fenêtres.

En Novembre 1801, Achille se marie. Le jeune ménage s'installe à Rampoux en attendant la remise en état de Doyssac, avec Joseph de La Verrie, frère de Judith, qui ne pourra regagner Siorac qu'après avoir obtenu sa radiation de la liste des émigrés.

 

Bernard avait rassemblé toute sa famille et sauvegardé l'essentiel de ses biens. Il avait tenu tête à la bourrasque révolutionniare et croyait, désormais, pouvoir terminer ses jours en paix. C'était sans compter sans l'évolution déplorable d'Amédée depuis son émigration et son mariage.

Une mésentente totale apparut entre Amédée "parisien sceptique et avide de plaisir" et son père "rigoriste et soucieux des valeurs traditionnelles". Le ménage Amédée s'accomodait mal de l'existence simple et frugale de Rampoux. Il demande que la famille s'installe à Lantis, où Mme de Lantis est prête à l'accueillir.

En 1803, Françoise se marie. Mme de Lantis modifie son testament et transfère la part disponible en faveur d'Amédée (elle décèdera le 15 février 1807).

En avril 1806, la rupture est consommée entre le père et son fils, qui aura partiellement gain de cause dans un procés qu'il lui fait à Gourdon en 1807, l'accusant de rien moins que de dilapidation de fonds et de détournement de l'héritage de leur père et grand père Isaac.

Très éprouvé par l'attitude de son fils, Bernard accepta en 1811 le poste de conseiller à la Cour d'Appel d'Agen que lui proposa le président Nicolas Cazabonne. Cette fonction impliquait résidence à Agen, sauf pendant les vacations. Les anciens accomodements de la Cour des Aides ne sont plus de mise.

Il sera conseiller au moins jusqu'en 1813.

Son fils Charles l'assiste dans la gestion de ses biens et deviendra, quelques années plus tard Juge au Tribunal de Première instance de Cahors.

Amédée le harcèle par un incessante procédure et un multitude de mémoires diffamatoires largement diffusés. Cependant, le plaignant est débouté en appel par la Cour d'Agen, en 1816.

Bernard reçoit à Agen une lettre de monsieur de Floirac datée du 12 janvier 1817 : " Nous venons de perdre mademoiselle de Rastignac. Elle est morte le 9, à l'âge de 87 ans, et prie dans son testament Monsieur de Foucault, un de ses légataires, de payer les 16 000 frs qui vous sont dus. Nous vous demandons de venir au plus tôt pour que nous regardions ensemble ce qui concerne vos billets ".

Malgré la mauvaise saison, le vieillard (il a 76 ans) part pour Cahors. Il tombe malade en route et s'arrête à Fumel. Le 22 janvier, il rédige son testament à l'hôtel Doriac. Il décède, seul, le 10 février.

Dans son testament, déposé le 11 avril chez Me Jean-Jacques Ray, notaire à Gourdon, il réserva la quotité disponible de ses biens à son petit-fils Amédée, agé de dix ans, sur lequel il reportait ses derniers espoirs .

Les partages se firent à l'amiable, à Surges, chez Pauline, épouse de Pierre Grangié, le 7 Aout 1817. Tous les enfants étaient présents, sauf Amédée, représenté par son frère Achille.

 

 

 

frères et soeurs

Françoise

Jean-Jacques

Marguerite

 

Jean Louis

 

 
 

enfants : Amédée, Charles, Pauline "Sophie", Françoise, Achille et Fortuné.