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père : Charles François, marquis de Cadolle | mère : Bernardine de La Musnière de Lamonie-Limery, marquise de Cadolle et de Durfort |
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Jacquette de Cadolle
27 avril 1750 - 11 mars 1782 |
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conjoint : |
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Marie Anne Jacquette est née le 27 avril 1750 à Lunel. Son père, le marquis de Cadolle (1713-1781), était co-seigneur avec le roi de la ville de Lunel, chevalier de saint-Louis, ancien capitaine au régiment de Mauconseil. D'après son mari, elle n'avait reçu d'autre instruction que celle qui lui avait été donnée par sa mère dans la maison paternelle. Elle n'avait aimé avant son mariage que son père, sa mère et son frère, s'était attachée à des chiens, à des oiseaux, à la parure et au travail des mains. Elle était douée d'un esprit excellent et capable des plus grandes choses si elle y eut été exercée de bonne heure et placée dans une situation qui lui eut permis de déployer ses talents. Son caractère, sociable et naturellement très gai, était aussi ferme qu'il était doux, compatissant et sensible à l'excès. Elle était d'une taille grande et bien proportionnée; son port noble et son maintien inspiraient la retenue et l'intérêt. Son visage était allongé plutôt qu'arrondi. Son front découvert était couronné de beaux cheveux noirs et bien plantés. Ses yeux gris, grands, à fleur de tête, annoncaient une vue délicate. Ses sourcils, bien dessinés, étaient un peu épais. Son nez, d'ailleurs régulier, se retrouvait, vers la naissance, un peu aplati à la surface. Le rose éternel de ses joues n'avait même pas été enlevé par la maladie à laquelle elle avait succombé. Elle semblait, dans son lit de mort, un ange endormi, la blancheur de sa peau restait éblouissante. Jacquette épouse Bernard de Boysson en 1773 à Lunel, après que l'évêque de Montauban Mgr de Breteuil, député aux Etats du Languedoc, eut chaudement recommandé le jeune avocat-général à son collègue et ami, le marquis de Cadolle. Le contrat de mariage est signé le 27 février 1773
Il est spécifié que les 20 000£ provenant de son père "sont présentement versées par Charles-Joseph, Comte de Cadolle, Marquis de Durfort, son fils, frère de la future épouse ... sur la constitution dotale de haute et puissante Marie-Jeanne Pauline de Castellane, son épouse" moyennant subrogation jusqu'à due concurrence de son frère dans les droits de Jacquette sur la succession de ses parents. Quant aux 20 000£ provenant de la mère, elles seront payée après décès du dernier survivant, père ou mère.
Elle aimait singulièrement à être caressée des personnes qui lui étaient chères et à les caresser. Bernard ne donnait jamais de baiser qui ne fut plutôt rendu que reçu. Quand Il était obligé de la quitter, pour des absences fréquentes quoique courtes, son coeur se flétrissait, des larmes abondantes coulaient de ses yeux. Une de ses lettres lui ayant manqué, elle envoya un exprès à Montauban pour savoir s'il n'était pas malade et avait fait des apprêts pour s' y rendre. Grosse de six mois, elle fit le voyage de Cahors à Gindou pour lui faire prendre elle-même des bouillons qui lui avaient été prescrits. Elle excellait à l'ordonnance d'un repas, d'un assortiment, d'une coiffure, d'un ameublement, de l'ensemble de la parure. Elle excellait aussi à la cuisine, aux confitures, au service d'un malade dont elle avait l'art de varier à l'infini la nourriture et les petits soins. Elle se plaisait à avoir toutes sortes de provisions qu'elle avait soin de ménager et de donner en détail de ses propres mains. Son âme grande, généreuse et sans fiel, avait déjà acquis un fond solide de philosophie pratique et spéculative. Elle n'agissait jamais et parlait rarement sans objet. Elle avait pour maxime de ne rien faire sans en avoir calculé les conséquences. Elle tenait à tout ce quelle avait, le conservait avec soin, et n'enviait pas ce qu'elle ne pouvait avoir. La raison, plutôt que la nature, lui avait donné un talent admirable pour contenir et élever ses enfants. L'art de les maniérer et de leur en imposer, sans les punir, lui était propre. Elle ne laissait passer aucune négligence. Elle ne voulait que l'empire de la douceur qui est aussi celui de la raison. Elle ajoutait à ce rare assemblage de vertus un grand fonds de religion dont elle était pénétrée. Elle en observait scrupuleusement tous les devoirs sans affectation dans sa conduite extérieure... elle disait souvent qu'elle finirait par être tout à fait dévote. Elle aimait la dignité, la décence et surtout les honnêtetés et la prévenance pour lesquelles elle s'efforçait de n'être jamais en reste. Elle fuyait les sociétés disparates. Les entretiens frivoles et oiseux l'ennuyaient à périr. Elle trouvait qu'on accordait trop largement le titre d'homme d'esprit qui lui paraissait difficile à mériter. Elle ne se refusait pas à des amusements honnêtes, faisait volontiers une partie, un petit jeu avec désintéressement, mais n'était jamais plus contente que quand elle rentrait chez elle. L'affectation dans la recherche à lui plaire, quelque écart de propos, ou l'apparence du plus petit dessein dans l'adulation étaient des moyens infaillibles de l'aliéner. Comme Bernard se récriait souvent qu'elle en faisait trop, elle prétendait que le travail continuel la distrayait et qu'elle mourrait jeune, comme sa grand-mère paternelle qui avait été, comme elle, martyre du soin de ses enfants qu'elle voulait élever avec distinction, et des peines de son ménage qu'elle voulait soutenir avec dignité. La fièvre lente lui causa, dans les trois derniers mois de sa vie, un dégoût, une insouciance qui étaient bien loin de son caractère. La phtisie anéantit imperceptiblement les forces de son corps, sans altérer l'air de son visage ni le son de sa voix. En décembre 1782, la phtisie de Jacquette entre dans une phase aiguë. La malheureuse jeune femme s'alite dans l'appartement de Cahors Lucide jusqu'au dernier jour, la force de son âme se conserva jusqu'au moment de l'agonie durant laquelle le nom de Bernard, comme son seul secours, ne cessa d'être dans sa bouche jusqu'à ce que la parole expire. Bernard écrit : " Marie Anne Jacquette de Cadolle, mon Angélique épouse, a cessé de vivre le 11 mars, à cinq heures du matin. Le 12, par beau temps, nous avons fait la sépulture au cimetière de N.D. des soubirous, à onze heures du matin. Puissent mes enfants, malheureux orphelins, hériter de ses vertus et de ses talents." En effet, décédée à l'age de 32 ans, Jacquette laissait six enfants dont l'aîné avait huit ans et le dernier quelques mois.
Mais les liens entre Bernard et sa belle-famille subsistent : il se rendra encore plusieurs fois à Lunel, notamment pour régler la succession de Mme de Cadolle, décédée en août 1782. Son beau-frère lui rendra une longue visite à Cahors, puis à Rampoux, après la mort de Jean-Louis en 1786. Il lui confiera sa fille Julie pour la placer en pension à Lévignac, auprès de ses cousines Boysson. La malheureuse enfant y décèdera d'une maladie de poitrine le 19 juillet 1789. La Révolution n'interrompt pas les relation. En 1797, Bernard est amené à prêter 6 000£ en assignats à Marie de Grasse-Bar, marquise de Grasse-Briançon, parente de Pauline de Cadolle. La créance figurait encore dans sa succession en 1817.
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frères et soeurs
Charles-Joseph |
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enfants : Amédée, Charles, Pauline, Françoise, Achille et Fortuné |
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