Le 4 août 1789, avaient été supprimés les droits d'origine personnelle ou féodale, mais étaient maintenues, bien que susceptibles de rachat, les redevances utiles correspondant à une cession primitive de fonds. Des décrets de Mars et Juillet 1790 s'efforcèrent de départager les différents droits et de fixer les modalités de paiement.

Les paysans ne comprirent pas que la féodalité fut abolie mais qu'il fallait continuer a payer une partie des anciennes rentes, dont certaines étaient parfois d'origine douteuse. Des bandes allaient a l'assaut des châteaux pour réclamer la production des titres, ou même pour les détruire.

Dans bien des cas il n'y eut pas de révolte proprement dite, mais de simples bravades a l'adresse des nobles. On dépouillait les Châteaux des girouettes et on fixait celles-ci, en signe de dérision, a la cime des maïs. On dressa même des potences symboliques a l'intention de quiconque serait tenté de réclamer ou de payer les rentes. L'une d'entre elles fut exposée plusieurs mois à Gindou.

Dans le district de Gourdon, les premiers désordres eurent lieu a Peyrilles, près St Germain en Janvier 1790 lorsque les pillards envahirent en force le château du Comte de Clermont Toucheboeuf. Une hâche était levée sur la tête de Monsieur de Toucheboeuf, un de ses gens le précipita dans l'escalier et lui sauva la vie. Il s'échappa chez un paysan, mais son refuge fut découvert et investi. Il put disparaitre à la faveur de la nuit.

Incidents graves aussi au château de Durfort Léobard. Maire de Cahors, il était pourtant très populaire. Il fut au coeur d'un fait unique dans les annales de la Révolution. Condamné à mort sous la terreur, alors qu'il monte sur l'échafaud, la foule en fureur bouscule la garde, renverse les "bois de justice", libère le prisonnier, obtient sa grâce et le reconduit en triomphe chez lui ( la même adresse qu'avait loué Bernard de 1781 à 1782).

Toujours en 1790, le Marquis d'Escayrac qui tente d'organiser des groupes d'auto-défense est assassiné dans son château.

Les désordres se généralisent avec pillage, incendie, plantation de potences et de maïs séditieux.

Les seigneurs et propriétaires privés de rente, refusaient l'impôt.

Le Directoire du département du Lot, élu le 10 août 1790, s'efforça d'intervenir et exigea le paiement des rentes et impôts. Le 15 Novembre, conformément a un décret de l'Assembfée Nationale, il prescrivit d'enlever les marques extérieures d'insurrection.

Les administrateurs de Gourdon voulurent ajouter aux instructions du département l'enlèvement des maïs. Ce fut une erreur grave, car pour la plupart ils n'avalent rien de séditieux. Ils avaient une origine traditionnelle, ou avaient été élevés à l'occasion de la fête de la fédération.

L'enlèvement des maïs provoqua tocsin et soulèvement de la population. Le district envoya la troupe. Il y eut un heurt le 3 décembre à St Sauveur avec les émeutiers commandés par Joseph de Linars, chef de la Garde Nationale de Ginouillac. Les troupes régulieres se retirèrent pour éviter l' effusion de sang.

Les insurgés, au nombre de plusieurs milliers dévastèrent la ville de Gourdon, puis le 7 décembre le château du Comte de Toucheboeuf Beaumont à Léobard. Les jours suivants les mêmes bandes se rendircnt à Rampoux, Gindou et Cazals où elles pillèrent trois maisons appartenant à Monsieur de Boysson ancien avocat général a la cour des Aides (d'après E. Sol ­ La Révolution en Quercy).

Ces excès entrainèrent une désapprobation générale. Des commissaires de l'Assemblée Nationale, aidés par plusieurs bataillons, rétablirent l'ordre. Joseph de Linars, ex-noble, ancien officier d'armée d' Amérique dut s' expliquer à la tribune de l'Assemblée et à la Société des Jacobins. Sa famille se sépara de lui.

Une de ses nièces, Fortunée de Linars épousera en 1814 René-Arthus de Chaunac d'où un fils Armand qui sera défendu en court d'Assises de Gourdon par notre aïeul Amédée. Armand était accusé de complot légitimiste et de lèse-majesté par la monarchie de Juillet. Il sera l'auteur des Chaunac et Cacqueray de Besse.