BOYSSON (OU BUISSON) (familles de) (15e - 18e siècle).

1. Les quatre fils d'un certain Jean, marchand à Aubin (Aveyron), sont anoblis en 1437, ce qui ne les empêche nullement de continuer à pratiquer le commerce; une branche reste à Aubin, une autre se fixe à Figeac. Hugues apparaît à Toulouse en 1432; il est changeur, mais vend aussi des étoffes, de la laine, du pastel; il devient même ce qu'on peut appeler véritablement un « banquier» - banquier expéditionnaire en Cour de Rome -, loin derrière l'initiateur Otto Castellani, Raimond Boscredon et Jean de Saint-Loup. Dès 1453, il est seigneur de Mirabel (Aveyron, commune de Rignac); à Toulouse, sa maison se trouve au coin des rues des Changes et Malcousinat. En 1468, Charles d'Armagnac le charge de négocier son mariage avec Catherine de Foix. Il meurt en 1473; sa femme Esclarmonde du Cros lui a donné deux fils : Hugues, seigneur de Mirabel et changeur (mort le 18 mai 1519); et Jean, coseigneur de Mirabel, seigneur de Malaval (Aveyron, commune de Galgand), changeur également, en Rouergue. Son neveu Pierre, seigneur de Beauteville de 1486 à 1505, trafique aussi de laine et de pastel.

2. La deuxième famille Boysson vient de Rodez, où a vécu Arnaud, père de Jean Ier, où continue à résider son frère Antoine.

Lui-même, à Toulouse, se met en société avec Raimond Michel et Pierre Monfort. Puis il travaille seul jusqu'en 1487, et se remet en société avec Pierre Delfau, mari de sa sœur, et Géraud Hébrard, jusqu'en 1495. Il se retrouve seul à nouveau, puis s'associe à ses gendres Etienne Ulmiers et Simon de Restes. Il meurt en 1502 ou 1503.

Il a été un vrai pionnier: c'est lui qui attira l'Albigeois dans l'orbite de Toulouse, en lui offrant la laine d'Aragon contre son pastel, que l'on venait de loin (même de Castille) pour lui acheter. Egalement, « c'est à son époque un rare mérite, il ne se contentait pas d'attendre les clients chez lui ». Dès 1476, il envoyait du pastel en Espagne, en utilisant des charretiers béarnais; au retour arrivait la laine d'Aragon, dont il revendait les trois quarts dans le Cantal : Salers, Saint-Flour, Felletin et surtout Aubusson. Nous ne savons quelle parenté exacte l'unit avec Jean II, mort en 1523 ou 1524, laissant trois filles qui épouseront des juristes. Capi­toul en 1519, il apparaît comme un « vérita­ble exportateur» de pastel, surtout vers l'Angleterre.

Jean III, dont la parenté avec ce dernier reste toute aussi mystérieuse, apparaît de 1540 à 1558; sans renoncer à l'Espagne, il négocie surtout avec l'Angleterre, y expé­diant du pastel, en recevant du drap de laine, de l'étain, du plomb, du cuir et du blé.

II était en liaison avec la banque lyonnaise des Lucquois Bernardini et Cenami, qui le finançait sans doute.

Ph. W.

 

L. d'Alauzier, " Les Boysson ou Buisson, marchands à Aubin, Figeac et Toulouse", Rouergue el confins, Rodez, 1958, 109-19. - Ph. Wolff, " De Rome à Tou­louse : aux origines de la banque toulousaine ", Sludi in onore di A. Fanfani, Gênes, 1962, III, 671-98. – Gilles Caster, Le commerce du pastel et de l'épicerie à Tou­louse, 145C-/56/, T., 1962, 91-108, 163-4, 189-200.