La légion de Béon

Cette légion fut formée en Hollande en mars 1793.

Les volontaires à l'émigration, à leur arrivée à l'armée des princes étaient regroupés selon leur province d'origine. Ceux qui venaient du Quercy étaient dirigés sur la "Coalition de Guyenne" près de Mayencé. En juillet 1792, cette unité rejoint l'armée de Bourbon dans les Pays-Bas. C'est alors, avec l'armée autrichienne, un pénible repli de la frontière française jusqu'à Bruxelles et à Liège. Les formations d'émigrés sont abandonnées et misérablement ravitaillées, en butte à l'hostilité de la population locale. Le 23 novembre 1792, les princes dont les finances sont épuisées, prononcent la dissolution de leur armée Seule subsistera, dans la région de Worms, l'armée de Condé, l'empereur d'Autriche ayant accepté d'en assumer les frais

En mars 1793, un ancien officier du Comté d'Artois, le Comte François de Béon, obtient du Stathouder de Hollande de lever un corps d'émigrés français qui portera son nom, bien que soldé par la Hollande. La légion de Béon comprendra trois compagnies de 150 hommes et un escadron de 200 cavaliers. Cette unité participe activement en 1793 et 1794 à toutes les campagnes des Pays-Bas, notamment entre Sambre et Meuse et à Fleurus. Le 1er novembre 1794, les cavaliers délivrent, sur le wahl, un régiment hanovrien encerclé.

Après l'invasion de la Hollande et le départ du Stathouder, en janvier 1795, la légion de Béon rejoint l'armée anglaise du général Harcourt. Le groupe est alors scindé : l'infanterie embarque à Hambourg pour Portsmouth en mai 1795, la cavalerie est cantonnée à Hohne, près de Celle, non loin de Hanovre puis est menacée de dissolution dès juin 1795.

Comme Béon et quelques mois après lui, le Comte de Damas, ancien colonel de Vexin-Infanterie, obtint du Stathouder la création d 'une "légion de Damas". Les deux légions combattirent côte à côt et subirent le même sort après l'occupation de la Hollande :

En fin 1795, les autorités de la régence souhaitaient conclure la paix avec la France. Elles ne toléraient plus la présence d'émigrés. Damas obtint du Duc de Mecklembourg, gouverneur de Celle, qu'il délivre des passeports hanovriens aux derniers débris des légions. Ceux-ci se dispersèrent alors ou rejoignirent l'armée de Condé dans le sud de l'Allemagne "par petits paquets" (Vte Grouvel - Les corps de troupe de l'émigration française - Tomes 1 et 3.

C'est sans doute ainsi que notre Boysson se retrouve allemand et dénommé Fischer !

Un gentilhomme de l'armée de Condé portait, d'après Grouvel, le jugement suivant sur certains corps d'émigrés : " Unités d'un dévouement à toute épreuve; chacun est prêt à se faire tuer. Mais on ne trouve personne pour l'exercice ou nettoyer un fusil. Il n'est pas digne de répondre à un appel ou de marcher en ordre lorsque l'on est en route. En dépit des principes qu'ils représentent, ces gentilhommes ont les moeurs les plus dissolues. Leurs lectures favorites sont des ouvrages des philosophes, fort en vogue. Mais l'homme le plus doué ne pourrait dispenser de l'assistance d'un prêtre s'il a reçu un coup mortel".

Ajoutons à ce tableau, la misère, la détresse morale et l'hostilité de leurs alliés, hostilité que les émigrés leur rendaient bien. Il leur arrivait de se réjouir ouvertement lorsqu'une habile manoeuvre des troupes républicaines prenait les coalisés en défaut.